QUELQUES PRINCIPES DE RESTAURATION

L’intervention d’un artisan restaurateur sur un document graphique ancien doit être mûrement réfléchie et nécessite préalablement une analyse approfondie.
Faut-il en effet se limiter à une stricte conservation préventive afin qu’il ne se détériore pas davantage pour en ralentir, autant que possible, les processus de dégradation en en rétablissant la fonctionnalité, ou bien entamer une démarche plus intrusive qu’Olivier Maupin nomme « conservation restauration » ? Dans les deux cas, des règles déontologiques de restauration sont à respecter et à appliquer. Avant de commencer une restauration, il faut s’interroger sur les conséquences que celle-ci pourrait avoir sur le document. Ce dernier est-il stable chimiquement ? Quelle sera l’action de la conservation sur le moyen et le long terme ? Peut-on améliorer la structure du papier ? S’il y a des déchirures, on les stoppera afin que le document ne se dégrade pas davantage et, bien entendu, on veillera ensuite à le protéger dans une pochette de rangement ou un encadrement de qualité adéquat, sans acidité.
Si le restaurateur penche pour une « conservation restauration », il appliquera un cahier des charges qui respectera des règles déontologiques strictes:
- Veiller à ne pas créer de traumatisme sur l’élément ancien et conserver toutes les caractéristiques du papier (granulation, hétérogénéité, couleur d’origine, relief d’encre, profondeur de la cuvette, timbre à sec, etc.).
- Rester sincère dans le travail de restauration et ne surtout pas « refaire » des éléments ou modifier des couleurs.
- Garder à l’esprit que toute intervention doit être réversible et ne pas créer de traumatisme au document.
- Penser à l’esthétisme de la restauration en obtenant un résultat qui se verra le moins possible. L’ambiance du document doit, dans tous les cas de figures, rester la même.
C’est pourquoi la première étape du travail d’un restaurateur, sans doute la plus essentielle, consiste à analyser en détail l’objet à restaurer, à en intégrer tous les paramètres : qu’ils soient historiques, matériels ou techniques. Puis, il identifiera le type de papier et les techniques utilisées, observera avec attention les particularités propres à chaque document, repérera les différents types de dégradations, et enfin choisira, en les justifiant, les procédés d’intervention.